

lointain et les grands arbres vibrants de sève se
répandent en couleur. En craquements. En clics.
En grondements. Écoute :



Il marche au loin jusqu’aux fines trouées de lumière parmi les arbres, là, tu le vois ?
Et au-delà sur l’espace ouvert de la savane, ses pieds avancent dans la rosée dans les tendres
torons des racines de vert foncé et marron vif.

Il traverse des petits bois à l’ombre généreuse mais son attention anxieuse ne le laisse pas s’arrêter.
À présent il passe la vallée creuse.
Il veut arriver dans la plaine des basses terres au bambou géant, sentir le vent secouer les
nénuphars jaunes qui sortent du fond clair des rivières. Il veut étonner les gazelles qui attendent
pour voir celui qui arrive et qui ensuite fuient
comme des flèches
Enfin glisser dans le sable clair. Aah...
Et voilà : les empreintes qu’il cherchait. Ici. Une paume creuse. Quatre
orteils dans le sable. Belle patte ! Il se dressa d’un bond. Et tout son
corps se contracte quand son sourire s’ouvre. Il s’en va, se faisant un
passage entre les hautes herbes dorées. Il s’enfonce là tout en
conservant vide son propre silence.
Tous ses sens en éveil accrochés à la toile du savoir qui oriente
le moment de la chasse.
Et qui face aux dangers régule sa peur.
Toujours en ligne, c’est ça ?
Toujours avec
Le chasseur avec les gens à qui il raconte, raconte, et raconte encore
essayant la plus pure éloquence protocolaire. Non par vanité. C’est qu’il
veut absolument amener ici la souple turbulence de la forêt, l’allure
légère de la savane, les avis qui effraient, qui signalent, qui soutiennent.
Appeler ce numineux. Qu’il arrive en toutes ses nuances, qu’il nous
trouve ici dans l’assemblée, ici au sol tressé, à la bordure du tapis, oui,
où maintenant il fixe son regard.


L’écrivaine